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« Je me souviens du jour où j’ai ouvert le robinet de mon jardin […]. À partir de ce jour, je n’ai plus eu à mendier de l’eau à mon voisin ni à me préoccuper du rationnement de l’eau pour ma famille. Cette pression mentale a disparu d’un seul coup. »*

Maryam, 24 ans, et sa belle-sœur Wajhma, 13 ans, vivent dans un village rural de la province de Kaboul. Le village semble calme et reposant, la vie et l’intimité des familles est préservée derrière de hauts murs et des portes métalliques colorées.

Toutefois l’atmosphère n’a pas toujours été aussi paisible pour les deux belles-sœurs. Chaque jour, elles étaient contraintes d’aller chercher de l’eau pour leur famille. En Afghanistan, la lutte quotidienne pour obtenir de l’eau potable est une dure réalité pour des millions de personnes. La majorité des ménages n’ont pas accès à leur propre source d’eau, et la lutte pour cette précieuse ressource est devenue un fardeau qui affecte tous les aspects de la vie.

Maryam est veuve et a un fils de deux ans. Elle s’occupe également de sa belle-mère, dont la santé se détériore. Maryam se rendait à la mosquée du village au moins cinq fois par jour pour aller chercher de l’eau au puits. Les jours de lessive, Maryam devait faire jusqu’à dix fois ce trajet de 30 minutes, car elle ne pouvait transporter que deux jerrycans à la fois.

« Je passais de nombreuses heures chaque jour à aller chercher de l’eau pour ma famille. Lorsque j’étais occupée à cette tâche, je ne pouvais pas m’occuper de mon enfant ou de ma belle-mère. De plus, cela retardait les nombreuses tâches ménagères que je devais accomplir. C’était très épuisant pour moi, physiquement et mentalement », explique Maryam lorsqu’on lui demande de décrire sa routine quotidienne.

Dans les zones rurales 31% des ménages n’ont pas accès à de l’eau potable.

La collecte de l’eau peut prendre jusqu’à une journée entière – avec ou sans charrette tirée par un âne ou autre moyen de transport – et expose les femmes et les enfants à des risques particuliers.

Dans les zones rurales, l’accès à l’eau est encore plus difficile, puisque 31 % des ménages n’ont pas accès à de l’eau potable. En outre, l’Afghanistan connaît une sécheresse pluriannuelle qui provoque l’assèchement des sources d’eau de surface, et la baisse significative du niveau des nappes phréatiques, ce qui accroît encore la pression sur les sources d’eau disponibles.

Wajhma est bien consciente des risques de conflits liés à l’eau. Comme sa belle-sœur, elle dépend des sources d’eau publiques ou du puits de son voisin. Plusieurs fois par jour, Wajhma compte sur la bonne volonté de son voisin pour fournir à sa famille la ration d’eau de la journée. Mais comme beaucoup d’autres villageois, il craint que son puits ne se tarisse en raison de la sécheresse qui sévit en Afghanistan. Wajhma n’a pas eu d’autre choix que d’endurer jour après jour les insultes et les humiliations de son voisin en colère.

« Comme ma sœur, je n’ai pas de puits ni de robinet d’eau. Pour satisfaire nos besoins quotidiens, j’ai été obligée de demander à notre voisin de me permettre d’utiliser son puits. Il n’était pas content de cette situation et me criait dessus lorsque je venais chercher de l’eau. Il nous a dit de trouver notre propre source pour que son puits ne se tarisse pas », raconte Wajhma.

Depuis mai 2023, les maisons de Wajhma et Maryam sont reliées à un nouveau système de collecte et de canalisation de l’eau. Le réseau leur fournit de l’eau courante et salubre chaque fois qu’elles ouvrent le robinet dans leur jardin.

« Je me souviens du jour où j’ai ouvert le robinet. J’ai rempli mon verre deux fois et j’ai goûté l’eau fraîche. Elle était froide et délicieuse. Ce moment a été un grand soulagement pour moi. À partir de ce jour, je n’ai plus eu à mendier de l’eau à mon voisin ni à m’inquiéter de savoir comment rationner l’eau pour ma famille. Cette pression mentale a soudainement disparu. J’ai eu un sentiment de propriété et d’indépendance – j’avais ma propre source d’eau« , déclare Wajhma d’une voix vibrante.

Maryam décrit une histoire similaire de soulagement et de joie lorsque sa maison a été raccordée au réseau d’eau. Elle avait enfin plus de temps pour s’occuper de sa mère, de son enfant et de la maison. Elle a senti l’énorme pression s’alléger soudainement. Mais bien d’autres choses ont changé pour Maryam. En plus de sa propre source d’eau, sa maison dispose désormais de nouvelles latrines facilement accessibles et adaptées aux personnes à mobilité réduite. « Ma belle-mère ne peut pas marcher sans aide. Nos anciennes latrines avaient des escaliers et des toilettes basses. Nous devions toujours l’aider lorsqu’elle avait besoin de se soulager. Surtout lorsqu’elle avait besoin d’aller à la selle. C’était des moments très embarrassants pour elle. Parfois, elle refusait de manger et de boire pour ne pas être un fardeau pour moi. Elle me faisait tellement de peine », raconte Maryam.

Grâce à un financement du Centre de Crise et de Soutien du Ministère français des Affaires étrangères, Première Urgence Internationale[1] a fourni de l’eau potable et courante à 1 055 ménages (7 358 personnes) dans trois districts de la province de Kaboul : Bagrami, Shakardara et Mir Bacha Kot. Ainsi, trois puits ont été forés et équipés de nouvelles stations de pompage fonctionnant à l’énergie solaire. 15 412 kilomètres de conduites d’eau nouvellement posées et 724 robinets installés relient désormais les sources d’eau aux ménages. Première Urgence Internationale a également construit des latrines accessibles pour les familles dont les membres ont des besoins spécifiques et une mobilité limitée.

[1] Enregistrée sous le nom Première Urgence – Aide Médicale Internationale (PU-AMI) en Afghanistan.

Liban – Soutenir les structures de santé pour répondre à l’urgence

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