Communiqué de presse
L’impératif employé par le ministre des Affaires étrangères français, Stéphane Séjourné, en février dernier rappelle la nécessité de ne pas détourner le regard de ce qui pourrait être l’une des pires crises de l’histoire récente.[1]
Le 15 avril 2024 la France accueille la conférence humanitaire pour le Soudan et les pays voisins. A cette occasion, Première Urgence Internationale réitère son message auprès des décideurs politiques afin qu’ils honorent leur engagement, et qu’ils mettent tout en œuvre pour éviter une catastrophe.
Douze mois après le début de la guerre entre les Forces armées soudanaises (SAF) et les Forces de soutien rapide (RSF), les combats n’ont pas cessé et continuent de provoquer des déplacements massifs de populations. Si l’on combine les chiffres avant et après le déclenchement de la guerre, le Soudan est désormais le pays qui enregistre le plus grand nombre de déplacements de populations au monde, avec près de 9 millions de personnes qui ont été chassées de chez elles.[2]
Pour faire face à la crise, 2,57 milliards de dollars d’aide humanitaire étaient nécessaires en 2023 pour couvrir les besoins au Soudan. Un an après, le bilan montre que seulement 49,5% des engagements financiers des États ont été tenus.
Et pourtant, le nombre estimé de personnes dépendantes à l’aide humanitaire est passé de 15,8 millions en décembre 2022 à 24,7 millions en février 2024.[3] Le montant permettant de couvrir les besoins est estimé à 2,7 milliards de dollars en 2024. En outre, le Soudan est en passe d’accueillir la pire crise alimentaire du monde[4]. On estime que 18 millions de personnes – soit plus d’un tiers de la population totale – sont déjà confrontées à la famine, atteignant le nombre le plus élevé jamais enregistré au Soudan pendant la saison des récoltes. 4,86 millions de personnes souffriront de malnutrition aiguë en 2024, dont 75 % seront des enfants de moins de cinq ans et 25 % des femmes enceintes et allaitantes.[5]
Deux millions de personnes ont fui le Soudan pour trouver refuge dans les pays voisins. La plupart d’entre eux sont entrés au Tchad, où l’on estime à 570 000 le nombre de réfugiés et de rapatriés arrivés depuis le début de la guerre. Ces personnes sont principalement regroupées dans des camps situés dans la région du Ouaddaï à l’est du pays. Cette vague d’arrivées met à rude épreuve les ressources déjà limitées du Tchad, surtout si l’on considère que ce pays est l’un des plus pauvres du monde. Les besoins urgents concernent l’eau, la nourriture, les abris, la santé et les articles de première nécessité.
En 2024, le plan de réponse humanitaire pour le Tchad nécessite 1,2 milliard de dollars pour aider 5,8 millions de personnes jusqu’à la fin de cette année.
[1] Selon les Nations Unies dans un rapport du 25 mars 2024
[2] OIM, Mars 2024
[3] OCHA, Mars 2024
[4] PAM, Mars 2024
[5] Analyse IPC, Mars 2024