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Yémen, 10 ans de conflits, la crise oubliée 

Publié le 02/10/2024

Le conflit entre les deux factions – d’un côté les Houthis, soutenus par l’Iran, et de l’autre le gouvernement du Yémen, soutenu par une coalition internationale de pays guidée par l’Arabie Saoudite et les Etats Unis – commencé en 2014 pour le contrôle du pays, a non seulement causé des centaines de milliers de morts, mais également des dommages considérables en termes économiques, d’infrastructures, de fourniture de services, de systèmes de santé et d’éducation, ainsi que de tissu social.  Si ce constat est directement lié à la guerre, le manque de nourriture et la dégradation des conditions de vie sont la conséquence de ses effets indirects. 

L’évolution récente de la situation régionale au Moyen Orient, qui s’est empirée et intensifiée depuis le 7 octobre 2023, fait craindre une escalade qui viendrait empirer la réalité déjà critique pour plus des trois quarts de la population yéménite.  

Les défis de la réponse humanitaire 

La crise prolongée a provoqué un effondrement total du système de santé. Seuls 50 % des établissements de santé sont opérationnels dans tout le pays. La situation est encore plus dramatique dans les zones les plus reculées, comme l’explique une patiente du centre de santé de la ville de Mokha, sur la côte sud-ouest du pays : “Avant la guerre, nous avions accès aux soins de santé et aux transports. Tout était plus facile. Mais depuis, tout a changé. Les centres de santé sont devenus inexistants ou trop éloignés, et nous sommes complètement isolés, surtout entre Aden et Taizz.” 

En 2024 au Yémen, plus de 50 % de la population – soit 18,2 millions de personnes – ont besoin d’une aide humanitaire. Parmi eux, environ 5 millions d’enfants de moins de cinq ans et 2,7 millions de femmes enceintes et allaitantes nécessitent un traitement urgent contre la malnutrition aiguë.  

Malgré l’ampleur des besoins et les efforts de coordination de nombreuses organisations non gouvernementales, la réponse humanitaire fait face à de multiples défis. Éclipsée par d’autres crises internationales, le Yémen figure désormais parmi les « crises oubliées ». En 2023, sur les 4,34 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide à 17,3 millions de personnes en détresse ciblées par l’aide humanitaire, moins de 40 % ont été collectés, contraignant les organisations humanitaires à réduire ou à mettre fin à des programmes d’assistance essentiels. En plus des contraintes financières, les restrictions administratives imposées par les autorités rendent difficile l’accès aux populations en détresse.  

Le soutien psychologique au cœur des soins de santé 

C’est dans ce contexte qu’intervient Première Urgence Internationale au Yémen depuis 2007, dans les  régions les plus affectées par de multiples crises. Les centres de santé soutenus par nos équipes fournissent une réponse immédiate aux épidémies de rougeole, diphtérie et cholera qui touchent le pays, mais aussi des soins généraux, des traitements contre la malnutrition, une assistance dans le suivi de grossesse, ou encore un soutien psychosocial. L’augmentation du nombre de patients et consultations est un des résultats montrant la qualité et de la diversité des services proposés par Première Urgence Internationale. 

L’afflux de patients a augmenté car l’organisation fournit des médicaments et des soins de santé primaire aux enfants. […] Sans salle d’accouchement et sans outils de réanimation, avant l’intervention de Première Urgence Internationale, aucun accouchement sécurisé n’avait lieu. Aujourd’hui, environ 3 058 accouchements (par an) sont réalisés.” (Medecin, Al Madman)  

Face aux traumatismes engendrés par le conflit au Yémen, le soutien psychologique aux populations constitue une priorité pour Première Urgence Internationale. En aménageant des espaces dédiés aux femmes et aux enfants au sein des centres de santé, nos équipes visent à renforcer le bien-être psychosocial des femmes en leur offrant un environnement favorable à l’écoute et aux échanges avec des professionnelles de la santé. Dans ces espaces, des conseils sur l’allaitement, les soins de santé et des cours de cuisine sont proposés. Les infirmières constatent alors des changements notables : les participantes quittent le Centre plus détendues et mieux préparées à prendre soin d’elles-mêmes et de leurs enfants. 

Aujourd’hui, Première Urgence intervient dans quatre gouvernorats, soutenant 21 centres de santé et les communautés en réhabilitant des points d’eau pour assurer un accès à l’eau potable au plus grand nombre. 

En adoptant une approche intégrée qui englobe divers secteurs tels que la santé, la nutrition, l’hygiène, l’eau, l’assainissement et le soutien psychosocial, Première Urgence Internationale s’efforce de fournir des réponses adaptées aux besoins essentiels des populations. L’objectif de notre travail humanitaire est de sauver des vies, alléger les souffrances et assurer la dignité des personnes” résume le docteur Abdul Khaliq Thabet (Centre de nutrition, Al Jabin, gouvernorat de Raymah). 

Ce projet est soutenu par CDCS, BHA – USAID, et ECHO-UE. 

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