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Publié le 14/02/2024
En 2023, l’année a été marquée par une intensification des crises dans le monde. Des tragédies telles que la guerre entre Israël et le Hamas dans la bande de Gaza, la poursuite de l’invasion russe en Ukraine, et d’autres conflits de grande ampleur comme au Soudan ont fait des milliers de victimes. De même, le Honduras et la Libye font l’expérience des impacts du changement climatique. Ces situations d’urgence sont exacerbées par les effets du réchauffement climatique, des infrastructures fragiles, des restrictions sur l’acheminement de l’aide humanitaire, et des hausses des prix des denrées alimentaires et de l’énergie.
La majorité de ces situations d’urgence se situent dans les zones rouges « formellement déconseillées » du planisphère mis en ligne par le Ministère des Affaires Etrangères ; zones dans lesquelles la quasi-totalité des missions de Première Urgence Internationale sont présentes. L’accès humanitaire dans ces pays est de plus en plus restreint, ce qui augmente encore le risque d’amplification de ces crises.
Les crises durent, mais c’est aussi le cas de l’engagement des équipes de Première Urgence Internationale.
Ainsi, grâce à vos dons sur notre Fonds d’Urgence, nos équipes ont apporté leur soutien à plus de 6 millions de personnes en 2023.
Tant qu’il y a des besoins et que notre réponse proposée y répond de manière pertinente, nous serons sur le terrain. Retour sur nos actions en 2023 :
© Première Urgence Internationale
Le 6 février 2023, deux violents séismes frappent la Turquie et la Syrie, suivis de nombreuses répliques dont certaines sont ressenties jusqu’au Liban et en Irak. De nombreuses familles se retrouvent à la rue en cette période hivernale où les températures descendent en dessous de 0 degrés la nuit.
« Grâce à votre générosité, Première Urgence Internationale a été capable de répondre rapidement à l’urgence. Nous avons réhabilité des refuges, pour accueillir des personnes sinistrées. Après, nous avons mené des activités de soutien pour les enfants. C’étaient des moments très difficiles pour eux » confie Ahed Alezzo, Cheffe de mission en Syrie.
Les équipes de Première Urgence Internationale en Syrie se sont mobilisées à Alep, Lattaquié, Homs et Hama, des régions lourdement affectées par le séisme. Elles ont commencé par mettre à disposition des générateurs pour permettre aux secouristes de sauver des victimes. Pour assurer la mise à l’abri des familles, des écoles ont été aménagées pour accueillir les personnes affectées.
Des personnes fuient leur quartier au milieu des combats entre l’armée et les paramilitaires à Khartoum, le 19 avril 2023, après la rupture d’une trêve de 24 heures. © AFP
Les combats qui font rage depuis le 15 avril 2023 ont provoqué le déplacement de 7,1 millions de personnes (ONU), dans une grande partie du pays et vers son voisin le Tchad.
Dès le mois d’avril, nos équipes ont mis en place une clinique mobile dans la région d’Adré au Tchad pour renforcer l’offre de soins de santé primaires aux personnes arrivant du Soudan. Depuis, Première Urgence Internationale intervient conjointement avec plusieurs ONG sur les sites du Lycée et de l’Hôpital d’Adré, où, à la fin du mois d’octobre 2023, on comptait plus de 300 000 personnes.
Depuis le début de la crise, Première Urgence Internationale est la seule organisation présente avec des installations fixes et qui offre des soins de santé primaires, une prise en charge des enfants de moins de 5 ans et des femmes enceintes et allaitantes souffrant de la malnutrition et un appui en santé mentale. Nos équipes ont ainsi réalisé plus de 46 000 consultations médicales, pris en charge plus de 2 000 cas de malnutrition aiguë sévère, et construit 400 abris d’urgence.
© Sadak Souici | Première Urgence Internationale
Depuis l’invasion de l’Ukraine par les forces armées russes, on compte près de 5,4 millions de civils déplacés dans le pays et 18 millions de personnes qui ont toujours besoin d’une aide humanitaire d’urgence, vivant en partie dans des centres d’hébergement collectifs.
Dans ce contexte, nos équipes interviennent directement dans les régions de Dnipro, Kharkiv et Lviv, fournissant un soutien en santé, santé mentale et en protection aux civils ayant fui les zones de combat. En partenariat avec cinq ONG françaises au sein du Consortium Dorijka, Première Urgence Internationale répond aux besoins les plus pressants des civils affectés par la guerre.
Afin de soutenir les populations civiles les plus vulnérables, le Consortium s’étend sur quatorze régions du pays, déployant des cliniques mobiles pour assurer une première aide médicale aux populations civiles déplacées dont l’accès aux soins a été temporairement limité ou interrompu en raison des combats.
Ainsi, les équipes mobiles de Première Urgence Internationale interviennent directement dans les centres d’hébergement collectifs. Andriy, directeur du centre de jour à Dnipro, qui soutient près de 20,000 personnes, témoigne pour notre reportage :
« Ce centre de jour accueille des civils des régions de Bakhmut, Konstantinivska, Sloviansk et Kramatorsk, qui ont dû fuir des territoires sous d’intenses bombardements. Ici, ils peuvent recevoir un soutien médical, psychologique et social. Parfois nous organisons des distributions », ajoute-t-il. « Dans 90% des cas, les civils qui arrivent ont besoin d’une assistance médicale, d’une écoute psychologique. Ils sont désemparés et ont vécu des moments parfois très traumatisants. Dans ce centre, elles peuvent rencontrer un travailleur social, un médecin et infirmier, et un psychologue de Première Urgence Internationale ».
Nos équipes distribuent également directement aux populations civiles des kits d’hygiène, des articles pour l’hiver, une aide financière et des bons d’achat de médicaments.
© Première Urgence Internationale
En juin 2023, l’équipe de Première Urgence Internationale a mené sa deuxième mission exploratoire humanitaire au Honduras, pays d’Amérique centrale vulnérable au dérèglement climatique et dont près d’un habitant sur trois se trouve dans le besoin.
« Pour évaluer les besoins, nous allons à la rencontre des communautés pour écouter et discuter avec elles et comprendre leurs besoins. Nous avons également visité des centres de santé et des écoles, des hôpitaux, des champs agricoles et des villages isolés. Nous avons aussi échangé avec des ONG locales et internationales et des représentants du gouvernement local, départemental et national.» explique Tinou-Paï Blanc, Chargée des urgences.
Après son évaluation, Première Urgence Internationale a observé d’importants besoins sur différent secteurs : l’accès à l’eau et la sécurité alimentaire, à la santé primaire et la santé mentale, ainsi qu’à la protection et des violences basées sur le genre. Autrement dit, c’est un pays où l’approche intégrée de Première Urgence Internationale pourrait prendre tout son sens. Cette approche vise à identifier et comprendre l’ensemble des besoins des personnes touchées par une crise. Elle a pour objectif de mieux cibler les actions prioritaires pour stabiliser puis améliorer la situation des groupes les plus vulnérables.
Équipe mobile de santé, consultations médicales, municipalité d’Alsahel, octobre 2023 © Première Urgence Internationale
Le 11 septembre, La tempête Daniel a provoqué d’importants dégâts dans l’est de la Libye. A Al-Bayda, érigée à 500 mètres au-dessus de la mer, quatrième ville de la région Est du pays, 80% des infrastructures du village ont été détruites. Al-Bayda fait partie des 16 localités où les équipes de Première Urgence Internationale se sont rendues pour évaluer les besoins.
Les routes, les réseaux électrique et téléphonique ont été détruits, et sont rétablis au fur et à mesure par les autorités. L’eau n’est plus disponible, ce qui peut provoquer des risques sanitaires considérables et l’émergence de maladies hydriques.
« On sait qu’il y a besoin d’abris, d’appui médical, d’assistance médicale, d’accès à l’eau mais aussi de soutien psycho-social pour aider les personnes qui ont subi ces chocs », rappelle Luisa Martinazzi, Cheffe de mission en Libye.
Grâce à la générosité du public qui a contribué au Fonds d’Urgence de Première Urgence Internationale, nous avons pu fournir un refuge, des soins médicaux et une assistance vitale aux personnes déplacées et affectées par la tempête Daniel, leur apportant ainsi un soulagement indispensable dans des conditions de vie extrêmement précaires. Nous avons notamment pu établir une clinique de santé mobile afin de pouvoir prodiguer des soins de santé primaire dans les villages affectés par l’ouragan. Nos équipes assurent quotidiennement des consultations médicales générales, pédiatriques, et en santé reproductive et sexuelle dans les zones rurales les plus vulnérables.
Préparation des colis alimentaires destinés aux familles déplacées dans la bande de Gaza, octobre 2023 – © Première Urgence Internationale
En représailles aux attaques menées par le Hamas le 7 octobre 2023, les forces militaires israéliennes ont déclenché une offensive sans précédent. Les bombardements aériens et les assauts terrestres israéliens, qui n’ont été interrompus que par un court cessez-le-feu entre le 24 et le 30 novembre, ont jusqu’à présent coûté la vie à un grand nombre de civils et causé d’immenses destructions.
A la date du 31 janvier 2024, 26 900 Palestiniens, principalement des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tués dans la bande de Gaza en raison des bombardements et des opérations militaires israéliennes. 1,7 million de personnes, soit 85 % de la population de la bande de Gaza, sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays : la grande majorité d’entre elles se concentrent désormais dans la région de Rafah, à la frontière avec l’Égypte, et au sud-ouest de Khan Yunis.
Jehad Abu Hassan, coordinateur terrain de Première Urgence Internationale dans la bande de Gaza, témoigne : « J’ai vécu les guerres de 2012, 2014, 2021. Cette fois-ci, c’est complètement différent, c’est dévastateur sur tous les plans. Le système de santé était déjà très fragile, et avec le nombre très important de blessés et de morts, l’hôpital principal Al-Shifa ne peut pas répondre à tous ces besoins. »
René Elter, archéologue sur notre projet de réhabilitation du Monastère Saint-Hilarion et de l’église bizantine de Jabalia et de transmission du patrimoine culturel gazaoui, témoigne : « Vous voyez des bombes qui tombent proche de vous. Et par le bruit, vous entendez des immeubles qui s’écroulent. »
Alors que nos expatriés, Jehad Abu Hassan et René Elter, ont pu rentrer en France, le reste de nos équipes nationales ont réussi à se loger dans une maison « plus sûre » au Sud de Gaza. Pour soutenir en urgence absolue les populations, elles coordonnent une distribution quotidienne d’eau potable dans la région de Rafah. Environ 10 000 personnes ont bénéficié de cette eau sur une période d’un mois. Depuis le début de la guerre, nos équipes procèdent régulièrement à la distribution de paniers alimentaires et des kits d’hygiène dans les zones de Khan Younès et de Rafah.
Première Urgence Internationale poursuit également sans discontinuer son appel à un cessez-le feu complet et immédiat et à l’ouverture permanente et totale d’un couloir humanitaire.
Le tremblement de terre survenu en février a détruit des villes entières dans le sud-est de la Turquie et le nord-ouest de la Syrie.
Le 6 mars, Première Urgence Internationale a participé à un gala caritatif ainsi qu’une vente aux enchères aux Folies Gruss afin de soutenir les victimes du séisme.
Les « 1000 premiers jours » d’un enfant sont déterminants pour sa santé et sa vie future : plus de 2 millions d’enfants de moins 5 ans sont particulièrement exposés à la malnutrition sévère, notamment au Yémen.
Le 5 septembre, l’équipe de Première Urgence Internationale et le journaliste Quentin Müller ont débattu au Poinçon, à Paris, autour des défis que traversent les populations du Yémen pour accéder aux services essentiels et leur impact sur la santé des femmes et des enfants.
Du 18 septembre au 11 octobre, nos équipes en Palestine ont organisé l’exposition « The Taste of Watermelon » à l’Institut Français de Ramallah. Cette exposition mettait en avant les œuvres de Victorine Alisse et Tanya Habjouqa, dont les séries explorent la relation des Palestiniens avec leur territoire.
Affichée à la Galerie Medina à Bamako le 24 septembre, puis au café Griffon à Paris le 28 octobre, l’exposition « Regards sur l’urgence » retraçait nos 10 ans d’intervention humanitaire au Mali à travers des témoignages et des photos.
Face à l’augmentation des déplacements de populations, Première Urgence Internationale intervient dans les régions de Kidal, Gao, Ansongo et Mopti avec des projets couvrant la santé, la nutrition, la santé psychosociale, l’eau, l’hygiène, l’assainissement et la sécurité alimentaire.
© Katya Moskalyuk | Première Urgence Internationale
Lorsque nous évoquons la vie en Ukraine pendant la guerre, nous nous penchons sur le sort de ses civils. Aujourd’hui, environ 6,2 millions d’Ukrainiens sont réfugiés à l’étranger, dont 90 % de femmes et 5,1 millions de personnes ont été contraintes de fuir leur domicile et de chercher refuge ailleurs en Ukraine.
En décembre, Première Urgence Internationale, membre du consortium Dorijka (composé de 5 ONG françaises) a organisé une exposition de portraits de femmes ukrainiennes, dévoilant ainsi une partie de leur histoire.
Une mobilisation mondiale pour un cessez-le-feu dans la bande de Gaza
Le 18 décembre 2023, plus de 800 organisations humanitaires et de défense des droits humains se sont mobilisées dans plusieurs pays du monde pour interpeler les décideurs politiques.
En France cette journée a été ponctuée par trois temps forts auxquels a participé Première Urgence Internationale :
Une tribune cosignée par 15 organisations a été publiée à destination du Président de la République, pour que la France s’engage davantage à faire respecter le cadre des conventions de Genève, et notamment pour protéger les populations civiles.
L’appel à un cessez-le-feu immédiat et durable. Seule option pour sauver des vies et garantir l’acheminement de l’aide et le respect du droit international humanitaire.
Une conférence de presse ainsi qu’une action sur le parvis des droits de l’Homme ont été organisées pour exprimer d’une seule voix la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable.