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Publié le 31/01/2024
Depuis son ouverture en 2012, la Mission France de Première Urgence Internationale rencontre des difficultés pour couvrir l’ensemble des coûts liés à ses activités par des financements institutionnels. Face à ce constat et aux besoins croissants sur l’ensemble des terrains d’intervention couverts par l’ONG, Première Urgence Internationale a pris à contrecœur la décision de fermer sa mission en France.
Pendant plus de 10 ans, Première Urgence Internationale aura mené des activités de médiation en santé dans des squats et des bidonvilles en Ile-de-France. En effet, selon les estimations au 1er janvier 2023 de la Délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), près de 11 300 personnes vivaient dans 249 campements, bidonvilles ou grands squats habités. Marginalisées, ces populations ont un accès restreint aux services de base, y compris aux droits fondamentaux tels que l’accès à l’eau, à l’hygiène ou à la santé.
Première Urgence Internationale a initialement ouvert sa mission en 2012 dans les squats et les bidonvilles des départements de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne, principalement centrée autour de la médiation en santé. A compter de 2019, en ayant étendu ses activités au département de l’Essonne, Première Urgence Internationale a inclus la prise en charge de la santé mentale dans ses activités de médiation et d’aller-vers, au regard des besoins des populations vulnérables et du manque de prise en charge dans les squats et bidonvilles.
La pandémie de COVID-19 a exacerbé les besoins importants en santé mentale du public ciblé par nos activités : perte d’accès aux structures de santé, baisse d’intervention des partenaires associatifs et majoration de l’isolement des bénéficiaires, confinements, restrictions de déplacement, manque d’accès à l’information etc. En 2023, les équipes des Première Urgence Internationale ont répondu aux besoins de plus de 2500 personnes, dont 381 personnes spécifiquement prises en charges pour des problématiques de santé mentale.
La situation économique qui pousse Première Urgence Internationale à fermer sa mission est loin d’être une exception dans le secteur associatif et humanitaire en France. Ce n’est qu’un exemple supplémentaire mettant en lumière l’inadéquation entre le volume de fonds à destination de projets orientés vers des populations précaires et le niveau de besoins qui croit chaque année.
En dehors de cette croissance régulière des besoins, il est important de rappeler que 2024 sera une année particulière en raison de l’organisation des Jeux Olympiques sur le territoire français. L’organisation de cet évènement international majeur aura un impact sur la prise en charge des populations concernées : déplacement des publics précaires en dehors de leur zone d’intégration, baisse d’accès aux structures de santé, contrainte d’accès aux sites pour les acteurs associatifs, déplacement des populations vers des zones non couvertes par les acteurs, risque de perte de suivi des accompagnements des bénéficiaires actuels, etc. Il est donc important de prendre ces nouvelles problématiques en compte dans les stratégies de financement de 2024.
Dans ce contexte de fermeture et de manque de financement global pour les structures associatives, Première Urgence Internationale reste particulièrement préoccupée pour la continuité de la prise en charge des publics accompagnés et plus largement pour les publics vulnérables présents sur le territoire Français.
Pour accompagner la fermeture de cette mission, l’équipe de la Mission France de Première Urgence Internationale a produit un guide de santé globale en français et en roumain, regroupant toutes les actions de sensibilisation effectuées selon les besoins identifiés ainsi que les orientations par département, disponible en français et en roumain.
Un rapport de plaidoyer à destination des acteurs en santé en France a également été rédigé. Il a pour objectif de rendre visible les problématiques et les besoins des populations éloignées du système de santé.