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Publié le 10/08/2023
En juin 2023, l’équipe de Première Urgence Internationale a mené sa deuxième mission exploratoire humanitaire au Honduras, pays d’Amérique centrale vulnérable au dérèglement climatique et dont près d’un habitant sur trois se trouve dans le besoin humanitaire. Tinou-Paï, chargée des urgences au sein de Première Urgence Internationale et cheffe de mission dans le cadre de cette mission exploratoire, revient sur les raisons et le bilan de cette expérience de terrain.
Une mission exploratoire est une étape incontournable à toute nouvelle réponse humanitaire puisqu’elle permet d’évaluer la pertinence d’intervenir dans une zone ou un pays ou l’ONG n’est pas encore présente. Elle présente des objectifs multiples. On peut en retenir 2 principaux :
Le Honduras a été choisi pour plusieurs raisons. Le pays présente une crise multiple et multidimensionnelle. Il faut rappeler que c’est l’un des pays les plus pauvres d’Amérique Latine où une personne sur deux vit dans la pauvreté.
Le Honduras est un pays qui présente une insécurité chronique depuis de nombreuses décennies. Cette insécurité a des répercutions en termes de protection et de violence sur la population. C’est notamment le pays qui présente le taux de féminicide le plus important au monde.
C’est aussi un pays extrêmement exposé au dérèglement climatique. On pense notamment au phénomène de sécheresse qui s’appelle El Nino, ainsi qu’aux deux ouragans qui ont frappé le pays en 2020, Eta et Iota.
Pour ces différentes raisons, l’équipe d’Urgence de Première Urgence Internationale a observé une dégradation de la situation humanitaire de ce pays avec une population dans le besoin humanitaire qui a quasiment triplé entre 2020 et 2023, passant de 1,2 million à plus de 3 millions de personnes dans le besoin humanitaire.
Ce qui ressort de cette mission exploratoire au Honduras, c’est d’importants besoins humanitaires sur différents secteurs : l’accès à l’eau et la sécurité alimentaire, à la santé primaire et la santé mentale, ainsi qu’à la protection. Autrement dit, c’est un pays où l’approche intégrée de Première Urgence Internationale pourrait prendre tout son sens.
Première Urgence Internationale a aussi observé un phénomène de migrations très important vers les États-Unis, le Mexique et l’Espagne, qui a des conséquences directes sur chaque famille au Honduras.
Des violences basées sur le genre, ainsi que des violences domestiques et conjugales marquent le quotidien des populations dans ce pays. La nécessité de travailler sur la réduction des risques de catastrophe est également à prendre en compte en cas d’intervention.
Enfin, le Honduras est surtout marqué par un sous financement humanitaire, ce qui peut s’avérer être un énorme challenge pour pouvoir opérer dans le pays.
Au Honduras, nous étions une équipe de 5 personnes, composée d’une cheffe de mission exploratoire, de 3 coordinateurs techniques sur des secteurs différents (la sécurité alimentaire, la santé et la protection), ainsi qu’un chargé de logistique.
Nous avons travaillé tous ensemble pendant 15 jours pour évaluer l’ensemble des besoins humanitaires du pays en nous rendant dans différentes régions que nous avions pré- identifiés en tant que zones prioritaires. Nous avons parcouru 11 départements sur les 18 du pays, en nous concentrant sur 2 zones en particulier : la cote caribéenne au nord du pays – particulièrement exposée à la violence et aux catastrophes naturelles et l’Ouest du pays, traversé par le « couloir sec » et des taux élevés de malnutrition.
Pour évaluer les besoins humanitaires, nous allons à la rencontre des communautés pour écouter et discuter avec elles et comprendre leurs besoins. Nous avons également visité des centres de santé et des écoles, des hôpitaux, des champs agricoles et des villages isolés. Nous avons aussi échangé avec des ONG locales et internationales et des représentants du Gouvernement local, départemental et national.
Depuis 2019, le SUDOP (le Service des Urgences et du Développement Opérationnel) a mené 11 missions exploratoires : le Burkina Faso, le Soudan, l’Éthiopie, La Côte d’Ivoire, la Colombie, le Venezuela, l’Arménie, la Pologne, la Moldavie, le Honduras et le Pakistan. Huit d’entre elles ont mené à une intervention d’urgence et une ouverture de mission pour Première Urgence Internationale.
Pour rendre ces missions exploratoires possibles, nous avons aussi besoin de vous. Donner au fonds d’urgence de Première Urgence Internationale, c’est nous accorder votre confiance et nous permettre d’agir là où les besoins sont prioritaires.