Période de soudure : l’insécurité alimentaire au Cameroun

Connue comme l’une des périodes les plus difficiles chez les populations vivant d’agriculture, la période de soudure est caractérisée par l’insuffisance des ressources alimentaires. Elle marque la période précédant les premières récoltes durant laquelle les produits issus des récoltes antérieures deviennent insuffisants pour couvrir les besoins alimentaires des ménages. Par conséquent, les denrées se font rare et les prix augmentent sur le marché, renforçant ainsi le niveau de vulnérabilité des populations à l’insécurité alimentaire. Dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun, où l’agriculture représente environ 55% des activités des populations, plus de 2,5 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire et nutritionnelle aiguë. 

Les équipes de Première Urgence Internationale mènent des activités de dépistage massif et de prise en charge des enfants souffrant de malnutrition, fournissent un appui financier et technique aux centres de santé sélectionnés, et soutiennent les activités d’agriculture et d’élevage des populations. 

A cet effet, pendant la période de soudure, 199 ménages, soit 93% des ménages ciblés ont bénéficié d’un kit individuel outils agricoles de base, 162 ménages ont bénéficié d’appui aux activités d’agriculture et d’élevage et 4 coopératives agricoles ont été soutenues par le projet dans le Mayo Sava et le Logone et Chari, départements de l’Extrême-Nord. Parlant de la malnutrition, 8 734 transferts monétaires ont été effectués pendant la période de soudure en vue de permettre aux populations vulnérables de subvenir à leurs besoins alimentaires. 

^{Prise en charge d’un enfant malnutri et de sa maman DJENOM GOTTO, Kousseri, Logone-et-Chari Extrême-Nord, Cameroun, février 2024 | © Alfa ABDOULBAGUI / Première Urgence Internationale} 

NJENOM NGOTTO, une mère célibataire originaire de l’Extrême-Nord, parle des problèmes de santé qui ont affecté son fils du fait de la malnutrition et des difficultés rencontrées pour avoir accès aux soins de santé de son enfant malade. 

« Je suis une mère célibataire, sans emploi. J’ai au total trois enfants. Depuis que mon enfant est tombé malade, je n’arrive plus à vaquer à mes occupations. Cet enfant a commencé à faire de la diarrhée et des vomissements permanents avec un ventre ballonné, je n’avais absolument rien pour acheter les médicaments ». 

Se sentant impuissante face à l’état de santé de son enfant et malgré l’absence de moyens financiers, la jeune mère décide de se rendre à l’hôpital suite à une information que lui aurait passée sa voisine sur l’assistance de Première Urgence Internationale. 

« A mon arrivée à l’hôpital, je n’avais pas d’argent pour nous nourrir ni pour les soins. Les équipes de Première Urgence Internationale m’ont remis de l’argent qui m’a permis non seulement de m’alimenter pour pouvoir bien allaiter l’enfant, mais aussi de payer les petits soins. J’ai suivi de multiples sensibilisations sur l’alimentation de l’enfant, la pratique de l’hygiène au sein de nos ménages. Je reçois aussi des visites pour savoir l’évolution de l’état de santé de l’enfant, un geste que j’apprécie beaucoup. 

Après 8 jours passés à l’hôpital mon enfant ne fait plus la diarrhée, plus de vomissement et son ventre est de moins en moins ballonné. A mon niveau, j’ai aussi appris comment traiter de l’eau pour la rendre potable ». 

^{Dépistage de la malnutrition chez un enfant de moins de 5 ans, Tolkomari, Mayo-Kani, Extrême-Nord, Cameroun, février 2024 | © Alfred ETOUBOU / Première Urgence Internationale} 

NJENOM et des milliers d’autres personnes sont confrontées à des problèmes liés à la santé nutritionnelle sans pouvoir y remédier à l’Extrême-Nord. Du chemin reste à faire. A travers les activités implémentées par Première Urgence Internationale avec la participation du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, 4 982 enfants ont été dépistés en malnutrition, 638 enfants souffrant d’une malnutrition aiguë modérée et 225 enfants atteints d’une malnutrition aiguë sévère ont été enregistrés. 

Première Urgence Internationale, avec la participation du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, met en œuvre le « projet de lutte contre la malnutrition au profit des ménages vulnérables ayant des enfants de moins de 5 ans et/ou des femmes enceintes et femmes allaitantes dans la région de l’Extrême-Nord« .