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Dr. Khadija, une femme médecin au service des femmes au Yémen

Publié le 05/01/2023

Dans un pays déchiré par la guerre et où la situation humanitaire est dramatique, les femmes et les filles sont confrontées à des risques accrus pour leur santé. Pour leur permettre d’accéder à des soins, Première Urgence Internationale soutient le personnel de santé féminin dans les centres de santé où nous intervenons. Portrait du Dr. Khadija, une femme médecin qui consulte auprès des femmes yéménites.

L’objectif du Dr Khadija*, une femme médecin de la région d’Hodeidah (nord-ouest du Yémen), était clair : fournir des services de soins de santé primaires aux femmes de sa région, dans un pays déchiré par la guerre depuis 2014 et confronté à un effondrement économique. Les soins de santé y étant largement dysfonctionnels, le soutien aux établissements de santé – désormais assuré par Première Urgence Internationale – était donc nécessaire.

En avril 2022, le Dr Khadija commence ainsi à travailler au centre de santé de Shujinah, après avoir obtenu son diplôme de licence en médecine générale et chirurgie. Ses missions quotidiennes consistent à assurer des consultations pour les femmes, à s’enquérir et conserver leurs antécédents médicaux ainsi qu’à effectuer un examen clinique complet avant de proposer un traitement approprié. Pour établir son diagnostic, le Dr Khadija peut utiliser des tests de laboratoire et un appareil d’échographie qui sont fournis au centre de santé par Première Urgence Internationale. Dans ces structures de santé soutenues par notre ONG, les soins sont gratuits.

Au Yémen, la nécessité d’un personnel de santé féminin

Sa présence dans ce centre de santé est cruciale pour l’accès des femmes aux soins. En effet, au Yémen, les femmes doivent être examinées et traitées par des femmes médecins. Or, surtout dans les zones rurales, celles-ci sont rares pour diverses raisons : barrières culturelles, conditions de sécurité et de confort dégradées dans des zones reculées ainsi qu’en raison d’une détérioration de l’éducation des femmes. Un contexte qui a des répercussions sur la santé des femmes :

« Avant [mon arrivée], les femmes étaient peu présentes en raison de l’absence de femme médecin. De nombreuses femmes souffraient de problèmes de santé qu’elles ne pouvaient pas présenter à un médecin masculin, car elles étaient gênées par les coutumes et les traditions de la région« , souligne le Dr Khadija.

Le Dr Khadija a été désignée par les autorités sanitaires locales avec le soutien de Première Urgence Internationale, pour améliorer l’accès des femmes aux services de santé. Première Urgence Internationale s’est fortement engagée à recruter et à soutenir le personnel féminin dans les établissements de santé qu’elle soutient. Cette stratégie a porté ses fruits, puisque la fréquentation des femmes a augmenté de façon spectaculaire au centre de santé de Shujinah :

« Après que les gens ont entendu parler de la présence d’une femme médecin au centre, davantage de femmes enceintes et allaitantes souffrant de problèmes de santé sont venues. Comme il n’y a pas d’autre femme médecin à proximité, les gens se rendent au centre de santé depuis des zones rurales éloignées, même depuis les villages les plus reculés. […] J’ai réalisé que beaucoup de femmes se sentent à l’aise avec la présence d’une femme médecin dans le centre« , confie le Dr Khadija.

En effet, avant son arrivée, 37% des consultations seulement avaient pour bénéficiaires des femmes : ce chiffre est passé à 49% en juin 2022. La présence d’une femme médecin est essentielle, comme le confirment deux patientes du centre de santé de Shujinah : « Je suis venue ici toute seule, parce que je sais qu’il y a une femme médecin« , témoigne Ameera*. « Je me suis sentie à l’aise, les services étaient bons et si je tombe à nouveau enceinte, je viendrai dans ce centre de santé. Il y a des médicaments, un laboratoire, des équipements médicaux, et une femme médecin« , déclare de son côté Saha*.

Être femme médecin au Yémen : faire la différence

Malgré une région difficile, loin de tout confort, de toute commodité et de sa famille, le Dr Khadija considère qu’être une femme médecin dans cette structure sanitaire est particulièrement gratifiant et qu’elle fait la différence :

« Une jeune fille d’une vingtaine d’années, originaire d’un village voisin, souffrait d’une infection bactérienne de la peau dans une zone sensible, qui ne pouvait être exposée à un médecin masculin. Elle suivait donc les conseils des sages-femmes et prenait des médicaments prescrits au hasard, sans véritable diagnostic. Son cas s’aggravait, jusqu’à ce qu’elle soit examinée en privé [au centre de santé de Shujinah] et qu’on lui prescrive le traitement adéquat pour son état. Je me souviens qu’elle a dit : « Vous êtes une sauveuse qui nous a été envoyée. Lorsque vous êtes venue travailler au centre, j’étais malade depuis un certain temps, rien ne m’aidait. Maintenant je suis en bonne santé, grâce à Dieu « . A ce moment-là, en tant que femme médecin et être humain, je n’ai pas pu retenir mes larmes !« .

Le contexte :

Au Yémen, les femmes et les enfants sont au cœur de tous les projets de Première Urgence Internationale. En effet, ils constituent la population la plus à risque : les femmes représentent 22% et les enfants 55% des 23,4 millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire (source : Humanitarian Needs Overview, 2022). Les femmes et les filles sont touchées de manière disproportionnée en raison des restrictions de déplacement, de leur non-participation aux processus décisionnels ainsi qu’à cause de leur manque d’accès et de contrôle sur les ressources. Plus important encore, elles n’ont qu’un accès limité aux services de santé et aux informations relatives aux problèmes de santé auxquels elles peuvent être confrontées. Si, avant le début du conflit en 2014, le Yémen favorisait l’inclusion des femmes au sein des sphères politiques et économiques, les progrès ont depuis été inversés.

Première Urgence Internationale au Yémen :

Au Yémen, Première Urgence Internationale est présente et active depuis 2007, apportant une aide aux populations les plus vulnérables des zones touchées par le conflit, à travers une approche communautaire intégrée combinant des interventions en santé primaire et reproductive, nutrition, soutien psychosocial, sécurité alimentaire et eau, assainissement et hygiène. Première Urgence Internationale soutient neuf établissements de santé au nord et au sud du Yémen grâce à un financement de l’Agence américaine pour le développement international, pour un projet mis en œuvre entre septembre 2021 et août 2022. Au centre de santé de Shujinah, 11 228 consultations et 129 accouchements ont été assurés par les équipes médicales.

*Les noms ont été changés pour protéger l’identité et la dignité des personnes

Toutes ces activités ont été mises en place grâce au soutien financier de l’agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Le contenu est la responsabilité de Première Urgence Internationale et ne reflète pas nécessairement les opinions de l’USAID ou du gouvernement des États-Unis.

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